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7 conseils pour choisir vos typographies

S’il fallait retenir seulement une chose en design graphique ce serait la typographie! Elle est bien souvent la base de toute production graphique. Sans elle, il est bien difficile de communiquer précisément une idée.

Que ce soit en print, en web ou en motion design, bien choisir ses typographies peut être un exercice compliqué. J’ai rencontré de nombreux motion designers, capables de prouesses techniques en 2D ou en 3D, ressentir le syndrome de la feuille blanche lors du choix d’une police de caractère. Je me rappelle très bien les difficultés que j’ai rencontrées en tant qu’étudiant en design graphique, à se focaliser davantage sur l’image et à choisir au dernier moment une typo.
Chaque média à ses spécificités mais la typographie reste la plupart du temps la clé de voute d’une composition.


Bien souvent la typographie est comme le nez au milieu de la figure, on ne la remarque que quand elle est laide !


Heureusement, avec quelques clés de compréhension et en suivant les conseils que je vais vous donner, vous allez pouvoir résoudre ce dilemme typographique. Commençons par un peu de vocabulaire pour y voir plus clair.


Glossaire typographique :


Typographie : Fait initialement référence aux différents procédés de composition et d’impression. Le terme représente également l’art d’agencer les caractères d’écriture pour mettre en forme et en valeur un contenu textuel.


Caractère : Élément de base de l’écriture. Cela peut être une lettre, un chiffre, un signe de ponctuation ou tout autre symbole.


Police de caractère : C’est un ensemble de glyphes, c’est-à-dire de représentations visuelles de caractères d’une même famille, qui regroupe tous les corps et graisses d’une même famille.
Il s’agit par exemple de la famille Neue Helvetica


Fonte : Pour faire simple une typographie est ce que vous voyez et une fonte est ce que vous utilisez. Vous ajoutez donc dans cette notion la graisse et la taille de la police.
C’est par exemple la Neue Helvetica light corps 12.


Empattement (ou serif) : Petit signe ou “pied” à la terminaison d’un caractère, à la base et à son sommet.


Il existe plusieurs classification typographique qui permettent de regrouper les familles de caractères par genre. La classification Thibaudeau ( la plus ancienne), la Vox-Atypi (La plus précises) ou bien la plus communément admit sur le web la W3C. Avant toute chose, je vous met en garde car il n’y a pas de classification universel. La classification typographique est intrinsèquement problématique.


Classification Thibaudeau
La classification Thibaudeau
classification-vox
La classification Vox

Pour ma part j’aime bien utiliser ma propre classification qui est un peu un mélange des précédentes mais ne contient pas trop de subdivisions :


Les Typographies avec empattements (Serif): Dites aussi typographies serif en anglais. J’y mets toutes les typographies avec empattements. Y compris les modernes comme les Didones.
Ex : Garamond, Caslon, Baskerville

Les Linéales : Sans empattements, appelées aussi typographies baton. Comprends les typographies dites Grotesques, Neo-Grotesques, Géométriques et Modernes.
Ex : Helvetica, Futura, Gill Sans

Les Scriptes : Sont inspirées par l’écriture manuscrite. Qu’il s’agisse de lettres cursives connectées entre elles ou de lettrage fait à la main.
Ex : Tangier, Kinescope, Mistral

Les Incises : Contrairement aux caractères à empattements, les incises sont issues des lettres gravées ou taillées dans la pierre.
Ex : Trajan, Albertus, Optima

Les Égyptiennes (Mécanes) : Sont des typographies qui ressemblent à des Linéales mais avec des empattements rectangulaires.
Ex : Rockwell, Clarendon, Courier

Fantaisistes : Il s’agit pour moi de toutes les autres typographies qui ne s’inscrivent pas dans des familles de caractère et ne contiennent souvent qu’une seule graisse. Des typographies créées par des graphistes pour un projet précis. Elles ne concernent souvent que le titrage.
Ex : Toutes les typographies gratuites sur Dafont.com ou autre site équivalent.


1- Pensez au sens que dégage les typographies

Chaque type de famille de caractère éveille en nous, de manière parfois inconsciente, une symbolique. Je dirais qu’elles sont connotées.
Cela est du à notre baguage culturel commun en temps qu’individu dans une société.

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Infographie sur la psychologie des typographies
Réalistement vous ne communiqueriez pas à des enfants avec une police de type Fracktur allemande…

Voici un tableau qui résume brièvement les différentes familles et leurs évocations symboliques, ceci est purement subjectif :


Serif Respectabilité, institution, élégance
Linéale Stabilité, contemporain, simplicité
ScripteLégèreté, affection, sensibilité
InciseForce, tradition, historicité
Fantaisiste (display)Ludique, expressive, amicale

2- Choisissez des typographies intemporelles


intemporelles

La typographie c’est comme le style vestimentaire, quand on est adolescent on fait n’importe quoi et en grandissant on apprend qu’il y a des classiques indémodables qui correspondent à 90 % des besoins.
Ceci est parfaitement vrai en typographie : il y a des polices de caractère à posséder et qui résoudront la majeure partie de vos problèmes.

Méfiez-vous des typographies trop fantaisistes qui vont mal vieillir et lasser les spectateurs.

Dans un premier temps, je vous conseille de connaitre et maitriser les classiques. D’autant plus que ces typographies ont connu des révisions, des modernisations et des interprétations à travers les décennies. Ce qui les rend vraiment tout terrain.

Voici une petite liste de 10 familles de caractères indémodables et leurs versions modernes :

Futura PT Neue HelveticaNews GothicTrade GothicDidot
BodoniGill SansGaramondCaslonRockwell

Voici deux familles de caractères récentes mais en passe de devenir des classiques :

  • Gotham
  • Brandon

La mode se démode, le style jamais.

Coco Chanel

3- Soignez la lisibilité

Typographie visibilite
The Girl Hood xx – Natalie Rodden & Kati Russell

Ceci est certainement une évidence mais il arrive trop souvent que l’on privilégie la forme du caractère à sa lecture. Même si parfois il s’agit d’une volonté du designer de perturber et de faire en quelque sorte travailler le regard du lecteur, dans la grande majorité des cas ce n’est pas le voulu. Si le caractère n’est pas lisible, le sens des mots n’est pas perçu et le message n’est tout simplement pas transmis.

Questionnez-vous également sur la lisibilité en fonction des différents médiums et de leur taille, comme un écran, en grand, en très grand ou bien en très petit.


4- Limitez-vous à 2 ou 3 familles différentes (MAXIMUM!!!)

Il s’agit ici d’une des règles absolues à respecter sous peine de provoquer une explosion instantanée de la rétine de tous designers qui se respectent.

Si vous êtes sceptique, regardez autour de vous et observez les affiches, publications, vidéos. Vous vous rendrez compte que l’harmonie est rompue au-delà de trois familles de caractères.

Pour ma part, je trouve que deux familles sont bien suffisantes.

Vous pouvez par contre mélanger des serifs et des linéales sans problème et faire varier autant que vous le voulez les graisses typographiques de chaque famille.

Seulement certains designers avec une solide expérience et un très grand sens typographique peuvent réussir et contourner cette règle. Malgré tout, il s’agira plus d’une démonstration de style et cela concernera davantage des créations très artistiques qui ont pour but d’être consultées par d’autres designers.


5- Choisissez une typographie avec différentes graisses

Les graisses d’une typographie sont les variations au sein d’une même famille. Toutes les déclinaisons de light à black sont des graisses et permettent de varier ses compositions typographiques afin de mettre en valeur certains mots, titres, paragraphes. Les graisses et le corps (la taille) d’un caractère permettent de hiérarchiser facilement l’information.

Helvetica Neue comprend de nombreuses graisses

6- Pensez à la finalité, comment sera diffusé votre création

Par exemple, si votre création a pour but d’être diffusée sur des écrans LED, faites attention aux polices serif qui ressortiront peut être mal. Pour de l’imprimé, rappelez-vous qu’il est plus facile de lire des paragraphes écrits avec une typographie à empattements. Pour du web, du motion ou de la projection vous n’aurez pas les mêmes besoins à prendre en compte.


7- Pensez au contraste

Garamond Typographie Contraste

Au même titre que la lisibilité, le contraste participe à la réussite de la transmission du message. Par le contraste, j’entends le dessin même du caractère mais aussi le choix de sa couleur vis-à-vis de celle de l’arrière plan. Il faut toujours que le caractère ressorte bien.


Voilà donc quelques pistes pour vous aider dans vos choix typographiques mais n’oubliez surtout pas de vous amuser et de vous faire confiance. Même les designers les plus expérimentés passent beaucoup de temps à choisir, tester et se tromper avant de trouver leur bonheur. Je finirai cet article avec cette citation de Picasso qui résume bien ma pensée vis-à-vis de la typographie.


” Apprends les règles comme un professionnel afin de pouvoir les briser comme un artiste. “

Pablo Ruiz Picasso 

Jeremy


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